Je ne reviendrai plus dans le quartier des Halles.<br />
Mes diables sont partis, pour Dieu sait quel enfer...<br />
Les touristes ont marché sur les derniers pétales<br />
De nos derniers bouquets, on ne peut rien y faire.<br />
Je ne suis pas client pour les pèlerinages.<br />
Bien le bonjour chez vous ! Je ne reviendrai plus,<br />
J'emporte mes souv'nirs avec le paysage,<br />
Le passé dans ma poche et mon mouchoir dessus.<br />
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Lèvres couleur de sang et du velours aux chasses,<br />
La belle sans merci fumaille en rêvassant.<br />
Au pas lent des années j'étais celui qui passe,<br />
Mais de Sainte Apolline au Squar' des Innocents<br />
On ne me verra plus jamais traîner mes guêtres<br />
Au gré des muscadets de quatre heur's du matin<br />
Avec mon cinéma tout vivant dans ma tête<br />
Et l'étincelle froide au regard des tapins.<br />
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J'allais déambuler... je croisais des fantômes,<br />
Tire-laine en ribote ou pendus décrochés,<br />
Et ça tourbillonnait autour des jolies mômes<br />
Maculées de sang frais par les garçons bouchers.<br />
Les camions de lilas s'ouvraient en avalanches<br />
Et tout autour de moi l'air sentait le printemps.<br />
En des temps très anciens, Saint-Eustache était blanche.<br />
Là-bas j'étais chez moi, bien peinard, et pourtant<br />
On ne me verra plus dans le quartier des Halles,<br />
Ce qui peut s'y passer ne m'intéresse plus...<br />
Les temps sont accomplis, à nous de fair' la malle,<br />
Je ne suis pas client pour les regrets non plus...<br />
Adieu mes fleurs de sang, mes panthères de jeunesse,<br />
Je vais aller traîner sur les quais de Bercy.<br />
Malgré moi j'ai le coeur éclaté de tendresse,<br />
Saint-Eustache a gagné, les diables sont partis. <br />
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Le Quartier des Halles, Bernard Dimey